Faits divers

La cancel culture

Les nouvelles technologies ont totalement modifié nos sociétés et ont eu des impacts, notamment, sur les libertés individuelles et collectives. Il existe un lien intime entre la liberté et la technologie. Il faut être libre pour innover et il faut avoir suffisamment de liberté pour adopter ces technologies. Cependant, avec l’arrivée des réseaux sociaux des phénomènes ont émergé et peuvent avoir des conséquences sur ces libertés. La cancel culture ou le wokisme ont vu le jour.

Définition :

Origine :

La cancel culture, ou culture de l’annulation en français, originaire des Etats-Unis a fait son apparition en France en 2017. C’est alors le #MeToo qui lance ce phénomène. Ici les personnes étaient encouragées à dénoncer les coupables d’agression sexuelles afin de les afficher à la vue de tous. 

La cancel culture apparaît comme la dénonciation publique d’une personnalité, d’une institution, d’une entreprise etc. considérés comme “problématiques”. Les opinions divergent d’une certaine morale. On est appelé au boycott de cette personne, physique ou morale, qui a tenu des propos jugés offensants. Il existe plusieurs degrés de cancel. On peut simplement arrêter de soutenir un artiste afin de remettre en cause son succès. Ou, lynchacher publiquement dans le but de supprimer littéralement une personne de la sphère publique. 

La cancel culture, un phénomène récent ou ancien ?

La notion de cancel culture base son approche notamment sur le mouvement du woke, évoqué précédemment. De nos jours, la notion de cancel culture est très présente et certains affirment qu’elle prend racine dans nos sociétés contemporaines et digitalisée. Or, cette pratique est relativement ancienne. La cancel culture est alors un effet de culture ancrée depuis bien longtemps. De nombreux événements historiques en ont été témoins. Au cours de l’histoire certains lieux de cultes ont été remplacés au moment des phases de christianisme. En France, nous pouvons prendre l’exemple de la révolution française. En effet, durant cette période le peuple a tenté de cancel l’ancien régime. Ils ont fait disparaître tout ce qui représentait ce dernier. 

La cancel culture sur les réseaux sociaux :

La cancel culture : une nouvelle arme ?

Comme évoqué précédemment, nous avons déjà connu des procédés similaires à la cancel culture dans notre civilisation. Mais, aujourd’hui l’ampleur n’est plus la même. En effet, ce n’est plus juste à l’échelle locale ou régionale que l’on cancel une personne. Mais à l’échelle nationale voire internationale avec les réseaux sociaux.  

Une culture qui ne cesse d’augmenter :

La cancel culture portée par les réseaux sociaux monte en puissance et apparaît comme une véritable arme de communication. On cherche à faire adhérer les individus à une cause. Sous peine d’être soupçonnés de soutenir, voire d’être complice de ce qui est dénoncé. De plus, on dénonce alors les comportements ou propos condamnés par une majorité de personnes, parfois de manière violente. En agissant ainsi, on souhaite rendre les personnes publiques plus responsables de leurs actes et actions. 

De plus, la cancel culture sévit de plus en plus sur Internet. Les réseaux sociaux permettent de créer une foule très rapidement. En effet, l’effet boule de neige sur ces plateformes est très fréquent. La caisse de résonance est alors bien plus grande. Une personnalité publique peut alors se retrouver boycotter en moins d’un jour. Il suffit parfois juste d’un tweet ambigu et ancien pour que les réseaux sociaux s’attaquent et menacent de cancel quelqu’un.

Des exemples concrets :

Nous pouvons prendre l’exemple de JK Rowling qui publie en juin 2020 un tweet. Dans celui-ci elle sous-entend que les femmes transgenres ne sont pas des femmes. Ce tweet est jugé transphobe sur les réseaux sociaux. Les appels à boycotter ses livres se sont fait de plus en plus nombreux. Depuis cet événement, J.K Rowling a cessé d’exister publiquement. En effet, l’auteure de la saga Harry Potter n’est pas apparue physiquement dans l’émission Retour à Poudlard. Celle-ci apparaît alors que quelques secondes, sous formes d’images d’archives datées de 2019. Nous pouvons également prendre l’exemple de Polanski, accusé de plusieurs viol. A la suite de ces accusations ont fait face à l’émergence de deux hashtag. Le #JaccusePolanski et #LeViolCEstPasDuCinema, publié sur les réseaux sociaux. Lors de la projection de J’accuse, un groupe de militantes féministes s’est organisée. Elles ont finalement réussi à annuler la projection. Des dizaines d’histoires semblables à celle-ci peuvent être prises comme exemple, montrant l’importance de la cancel culture de nos jours. 

Pourquoi sur les réseaux sociaux, cette culture se heurte à tant de violence ?

Une culture parfois négative…

La cancel culture à cependant permis d’apporter une visibilité. De plus, cela a donné une voix aux communautés minoritaires. Leurs parole n’avait pas beaucoup de poids dans les débats publiques. Il n’est dorénavant plus possible de s’attaquer verbalement à un groupe sans en assumer les conséquences. Ainsi, cette pratique aux retombées positives mais peut rapidement virer à des excès.

Des plateformes qui favorisent la cancel culture :

En effet, les réseaux sociaux incitent fortement aux provocations et à la colère. Ces plateformes ne sont pas connues pour leur propension à créer un débat profond, nuancé et multidimensionnel. L’architecture même des plateformes contribuerait à polariser les débats. Les algorithmes favoriserait également la diffusion d’affirmations spectaculaires mais peu nuancées, puisque ces dernières génèrent plus de trafic.

L’exemple de Twitter :

Sur Twitter par exemple, la limitation de caractères encourage les utilisateurs à faire des raccourcis. Ainsi, ils simplifient leurs propos, et nuancent plus ces derniers. Twitter est donc la grande plateforme de dénonciation. Elle fonctionne notamment grâce à la réactivité des utilisateurs, à qui rien n’échappe. Les médias sociaux apparaissent alors comme la maison mère de la dénonciation publique. On assiste parfois même à la satisfaction de faire tomber quelqu’un juste pour son plaisir. Le cancelling peut parfois déraper et entraîner du cyberharcèlement. 

L’essentialisme :

Sur les réseaux sociaux, la cancel culture engendre ce que l’on appelle l’essentialisme. D’un point de vue philosophique, l’essentialisme prône l’essence sur l’existence, peu importe nos actions passées ou futures, rien ne peut changer la nature d’un individu. Dans le cas de la cancel culture cela implique que la personne accusée ne peut pas apprendre de ses erreurs. Une personne canceled le sera donc pour toujours et ses excuses n’ont aucune crédibilité, le pardon devient renié par manque de légitimité. L’essentialisme c’est également “quand on passe de la critique des actions d’une personne à la critique de la personne elle-même.” Est-ce que tenir un propos déplacé qui peut être interprété comme raciste fait de nous une personnes profondément raciste? Dans la cancel culture oui. Renforcée par les réseaux sociaux, cette culture ôte le droit d’évoluer et d’apprendre de ses erreurs. 

La cancel culture comme contestation :

Ce phénomène est une contestation politique, une manière de s’exprimer quand on ne peut avoir la parole dans le débat public. Ce phénomène prend la forme d’un procès médiatique et on assiste à l’émergence d’un tribunal numérique qui n’interagit pas avec la justice à proprement parler même si l’objectif final est d’arriver à avoir des retombées juridiques. La cancel culture sur les réseaux sociaux peut se résumer pour certains à lyncher sans réfléchir. 

Cependant, les réseaux sociaux apparaissent uniquement comme une caisse de résonance mondiale des problèmes sociaux, politiques, communautaires… Malgré certaines pensées, les réseaux sociaux ne sont pas à l’origine de ces problèmes mais sont des lieux où s’exercent ces problèmes et répondent à des besoins préexistants.

La cancel culture, une menace pour nos libertés ?

Pour certains, la cancel culture est un mouvement excessif qui est synonyme de l’émergence d’un nouveau pouvoir, cette fois-ci à disposition du plus grand nombre. La cancel culture pose alors la question de : a-t-on encore le droit de ne pas être d’accord? 

Ce phénomène apparaît en réalité très dangereux dans une démocratie et peut faire disparaître progressivement la liberté d’expression par la censure. Alors que les réseaux devraient permettre à tous de finalement se faire entendre, dans les faits, les gens n’ont jamais eu aussi peur de s’exprimer. Comme évoqué précédemment, les différentes plateformes se transforment alors parfois en véritables tribunaux populaires, capables de détruire des réputations et même de mener à l’exclusion sociale. 

Pas de place pour les débats…

De manière paradoxale, sous couvert de “libérer la parole” les réseaux sociaux éloignent en réalité la liberté d’expression. La cancel culture ne tolère nul débat autre que l’adhésion tout en ouvrant la porte à la délation. Dénoncer est alors plus facile sur les réseaux sociaux puisque la délation est anonyme et rapide. 

En 2020, une journaliste du New York Times, Bari Weiss, a été victime de cancel culture pour avoir exprimé dans ses articles une opinion différente de la ligne éditoriale du journal. Elle dénonce alors le fait qu’il est difficile d’exprimer des opinions différentes de celles partagées par le New York Times, soit des idées de centre gauche.  Pour elle, les opinions générées par Twitter influencent la rédaction du journal. Cette journaliste fait également partie d’un groupe de mouvement d’intellectuels américain inquiets de la censure qu’incite la cancel culture, voire même de l’autocensure sur les réseaux sociaux. 

Une certaine intolérance

JK Rowling, elle même victime de cancer culture, ainsi que 150 autres écrivains tel que Margaret Atwood, publient une tribune dans “Harper’s Magazine” afin de dénoncer “l’intolérance à l’égard des opinions divergentes, un goût pour l’humiliation publique et l’ostracisme”. Certaines personnes dénoncent même une pratique qui est utilisée parfois pour faire honte et humilier publiquement des gens. 
La cancel culture, à double tranchant, devient alors l’objet de nombreuses contestations: les activistes sont souvent accusés d’être le symbole de la fin de la liberté d’expression, et d’une tyrannie des minorités, d’intolérance et d’appel permanent à la censure. La cancel culture efface et lisse l’esprit critique des générations à venir. Considérée comme une nouvelle censure où le débat est impossible, cette culture semble donc être tout de même dangereuse pour la démocratie. En effet, le problème est le fait de revenir à un mode de pensée unique, un moyen de censure qui ne permet tout simplement pas la pluralité des opinions. Cette notion pose également la question d’où s’arrête la critique légitime et où commence la cancel culture?  Le principe fondamental de la cancel culture est celui qui affirme que notre sensibilité concernant un sujet, tel que le racisme, l’homophobie etc., prévaut sur la liberté d’expression et le débat. 

Lydie

Bonjour et bienvenue à tout le monde !
Je vous accueille volontiers sur mon blog pour apprendre un peu plus à me connaître.

Vous pourriez également aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *