La chasse et l’écologie sont des sujets fâcheux. Nous verrons certains arguments qui nous prouve que la chasse n’est pas écologique. Et qu’elle peut causer des problèmes environnementaux sur la faune et la flore.
La pensée des chasseurs
Les chasseurs se disent les « premiers écologistes de France », dans le sens où ils régulent la faune sauvage et participent à la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Sur son site Internet, la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) met en avant les actions des associations locales de chasse en faveur de la biodiversité et de l’écologie. Un dispositif d’écocontribution a été mis en place à la suite de la loi chasse du 24 juillet 2019 à l’initiative de la FNC dans le cadre du nouvel Office Français de la Biodiversité (OFB). Celui-ci prévoit une contribution à hauteur de 5€ de chaque chasseur (ajoutée au prix du permis de chasse), complétée par 10€ de l’Etat. En novembre 2019, l’OFB a retenu 45 projets portés par les fédérations régionales de chasseurs, ce qui représente 3,8 millions d’euros pour financer des « actions concrètes en faveur de la biodiversité ».
Selon les données de la FNC, 40% des projets concernent la préservation des habitats et 31% des fonds sont consacrés à la connaissance des populations et des espèces ». Ils mettent à disposition une carte de France avec des points indiquant tous les endroits où des projets sont en cours (81 liés à l’écocontribution actuellement). Des détails et des explications sont donnés, mais il n’y a pas de moyen de vérifier leur avancement. Plusieurs exemples sont mis en avant, comme la plantation de 5600 arbres pour créer un corridor écologique pour la faune dans une ancienne zone industrielle à Saint-Marcellin-en-Forez (Loire), la collaboration avec des agriculteurs afin de protéger les habitats de la petite faune de plaine dans l’Aude, ou encore le lancement d’un programme de recherche pour mieux connaître les interactions entre les actions de chasse, les lynx et la population de chevreuils et de chamois dans le Jura.
La pensée des écologistes
Cependant, en parallèle de cette volonté de préservation de la biodiversité, recherchée à travers les différents projets, certaines espèces menacées sont toujours chassables. En France, 89 espèces, dont 64 espèces d’oiseaux, peuvent être abattues. Sur ces 64 espèces d’oiseaux, 20 sont des espèces menacées – ce qui peut sembler un peu contradictoire, voire contreproductif, dans un objectif de sauvegarde de la faune.
Un autre argument est la régulation du nombre d’individus, par exemple de la population de sangliers. Les chasseurs protègeraient les champs de leurs attaques en en éliminant un certain nombre tous les ans, évitant ainsi des dégâts sur les cultures ou des accidents de voiture. Or s’il y a aujourd’hui un trop grand nombre de sangliers, c’est d’abord et avant tout parce que les hommes ont éliminé le loup, le lynx et l’ours, prédateurs naturels de cette espèce. L’élevage à des fins cynégétiques constitue une filière, qui produirait chaque année 14 millions de faisans, 5 millions de perdrix grises et rouges, 1 million de canards colvert, 100.000 lapins de garenne, 40.000 lièvres de France, 10.000 cerfs et 7.000 daims (dont 40 à 50% destinés à l’export d’après le président du syndicat national des producteurs de gibier de chasse (SNPGC)), des chiffres qui ne sont pas actualisés tous les ans.
Les animaux en élevage ont peu de chance de survivre
Toujours selon le président du SNPGC, un animal sur deux élevé puis lâché dans la nature réussirait à survivre. Il est difficile d’évaluer la proportion d’animaux issus d’élevage parmi les animaux abattus à chaque saison de chasse. Selon une enquête de l’ONCFS et de la FNC réalisée sur la saison 2013/2014, « 6 à 8 millions d’animaux provenant d’élevage sont tués chaque année à la chasse, soit un quart des animaux tués à la chasse. ».
LCI a réalisé une enquête pour savoir si ces affirmations étaient véridiques et vérifiables, et selon leurs calculs, on peut estimer qu’au moins 4,5 millions des 20,5 millions d’animaux tués durant cette saison étaient issus d’élevage, soit 1 cinquième. Néanmoins ces tableaux ne comptabilisent pas ceux abattus dans les enclos ou parcs de chasse (dont l’accès est payant). Selon Madline Rubin, directrice de l’ASPAS, il y aurait 1300 parcs en France comptant « de 50.000 à 100.000 animaux », principalement « issus d’élevage pour répondre à la demande ». Ce dernier chiffre est difficile à vérifier, comme expliqué dans l’enquête de LCI.
Les parcs de chasse
En revanche, pour le nombre de parcs de chasse en France, une enquête administrative de l’ONCFS a été publiée en 2012 à partir de données récoltées en 2009. Elle recensait 3 371 structures fermées, détenant près de 90 000 ongulés sur 174 100 hectares (l’étude ne portait que sur les « ongulés sauvages en captivité »), dont 587 parcs de chasse et 485 sont des enclos de chasse (les conditions pour qu’une propriété soit un « enclos de chasse » sont plus strictes que pour un « parc de chasse », voir ce lien pour plus de détails).
Il faut néanmoins noter que ces données sont anciennes, et que les plus récentes sont issues du travail d’association comme l’ASPAS ou One Voice, qui a utilisé des données publiques pour construire une carte des enclos de chasse, c’est-à-dire des centaines d’hectares de forêts clôturés afin de maintenir certains animaux comme des cerfs, des sangliers ou des daims à l’intérieur.
Elle dénombre donc en 2021 567 adresses distinctes, dont a minima 256 espaces entièrement clos. Les animaux étant bloqués dans ces espaces, ils sont destinés à être tués. Sur la commune de Sept-Saulx par exemple, plus de 300 hectares de forêts ont été mis en enclos afin de faciliter la chasse. Pour conclure, il serait donc plus correct de parler de « correction de déséquilibres » que de régulation, d’autant plus que les chasseurs sont en partie responsables de ces derniers. Il existe par ailleurs une véritable régulation des animaux répertoriés comme « mâles surnuméraires », réalisée par des gardes chasse professionnels.
Les cartouches et la faune
Au-delà de la question animale, un des principaux problèmes écologiques souvent mis en avant par les militants antis-chasse est la pollution au plomb. Les cartouches classiques utilisées par les chasseurs (30 à 35 grammes) contiennent entre 200 et 300 billes de plomb. Ce métal est utilisé car il est « particulièrement dense et malléable. […] Les autres métaux comme l’acier sont beaucoup plus durs et légers. Ils ricochent sur le moindre obstacle ce qui multiplie les risques d’accident » (Willy Schraen, président de la FNC). Les balles en plomb ont été remplacées par des balles contenant des billes en acier dans les zones humides depuis 1986, mais ce type de munition à tendance à seulement blesser les animaux, sans pour autant les tuer : « On retrouve ainsi beaucoup d’oiseaux agonisants, ce qui n’est pas l’idéal en termes de bien-être animal » (Willy Schraen).
Le plomb et l’écologie
Cependant, le plomb est un neurotoxique pouvant provoquer le saturnisme, et un polluant. Une étude de l’European Chemical Agency (ECHA) de 2018 a déterminé qu’environ 100 000 tonnes de plomb se retrouvaient dans la nature de l’Union Européenne chaque année. 14% proviendraient des plombs utilisés pour la chasse, ce qui fait 14 000 tonnes. Lorsque ce métal est ingéré par les oiseaux, cela peut provoquer des intoxications, voire la mort de l’animal (tout dépendamment de son poids et de la quantité de plomb). Selon le rapport, au moins 149 millions d’oiseaux risqueraient un empoisonnement, mais le grand gibier peut également être intoxiqué.
Les chasseurs consommant le gibier qu’ils chassent ont donc un risque de contamination indirecte, et le risque sanitaire est accru pour les populations à risque (femmes enceintes et enfants par exemple). Enfin, ce plomb contamine aussi par infiltration les nappes phréatiques, représentant dès lors aussi un danger pour la santé humaine.