Quand on est vieux on sert à rien. Rapidité, utilité, rentabilité, telles sont les valeurs qui gouvernent le système productif. Les compétences technologiques y sont les plus prisées . Elles évoluent et périment très rapidement. Contrairement aux compétences acquises par l’expérience et transmissibles des plus âgés aux plus jeunes, elles dévalorisent les plus âgés qui n’ont alors, dans un tel contexte, plus rien à transmettre.
Ajoutons à ce tableau que le vieillissement de la société conforte l’idée que peu de jeunes doivent travailler pour entretenir beaucoup de vieux… oubliant au passage que ceux-ci ont été jeunes et ont contribué à maintenir leurs aînés.
Et bien que le vieillissement de la population entraîne une activité économique importante (services à la personne, santé, hébergement, aides techniques…), celui-ci reste perçu comme une menace pour notre modèle économique et social.
Nous allons donc débunker les idées reçu qu’on peut avoir sur la vieillesse !
Quand on est vieux on sert à rien ?
1/ Quand on est vieux on sert à rien – Quand on est vieux on a plus de vie sexuelle
Parler d’amour et de sexe au grand âge est souvent tabou dans notre culture. Comme si la vie sexuelle ne concernait plus les seniors.
Réalité : L’activité sexuelle chez les seniors dépendra davantage de leur santé que de leur âge. Lorsque les deux partenaires sont en bonne santé, ils continuent en général à avoir des relations et à en tirer du plaisir. Malgré le fait que 40% des 65-80 ans conservent une vie sexuelle active, ce sujet n’est que trop rarement évoqué avec les professionnels de santé. Même si les besoins changent avec le vieillissement, une relation sexuelle peut être bénéfique physiquement et psychologiquement.
Des film comme “book club” par exemple montre que quand on est vieux on peut toujours en avoir. Quatre sexagénaires lisent les aventures de Christian Grey et d’Anastasia Steel dans 50 nuances de Grey et redécouvrent par la même occasion leur sexualité. Un film enjoué sur un vrai sujet tabou : la sexualité des personnes agées. La peur du jugement ou encore la difficulté d’échange avec le corps médical font que la vie sexuelle des seniors, bien qu’encore très active pour la plupart, reste un véritable enjeu sociétal.
2/ Quand on est vieux on sert à rien – Les personnes âgées perdent la tête
Comme aujourd’hui, même la personne qui « perd un peu la tête » à 80 ans est qualifiée d’Alzheimer. Cela donne l’impression d’une épidémie. Avoir des absences de mémoire ou ne plus s’orienter à la perfection dans une ville est certes un handicap (qu’on pourrait appeler insuffisance cérébrale partielle). Comme l’est le fait de s’essouffler en montant les escaliers (insuffisance cardiaque partielle).
Mais ce trouble (déficit cognitif parcellaire ou Mild Cognitve Impairment) n’évoluera pas obligatoirement vers la démence, tout comme l’essoufflement d’effort ne conduit pas forcément à l’insuffisance cardiaque globale.
C’est parfois une excuse que l’on donne. Par exemple : Maréchal Pétain, à qui certain on donné comme excuse qu’il était vieux donc : pas lui-même et ce serait donc pour cela qu’il aurait agit de la sorte en 1940. Sauf que dans ce cas précis cela n’a rien avoir avec l’âge mais bel et bien celle d’une idéologie.
3/ Quand on est vieux on sert à rien – Femme et homme : pas la même vieillesse
Si les femmes sont réputées se flétrir avec le temps quand les hommes se bonifient, c’est largement parce que ces représentations hantent nos imaginaires.
Entre un homme une femme, la vieillesse est généralement genré. Pour exemple : en général, les femmes sortent plus tôt du marché du travail que les hommes.
Il y a une différence de voir l’âge = si on n’est une femme ou un homme.
La vieillesse est donc généralement genrée.
On entend souvent dire que le vieillissement est un sujet tabou dans une société qui aspire à l’éternelle jeunesse. Mais en regardant de plus près : on peut se rendre compte que cela concerne plus les femmes qu’autre chose. C’est d’ailleurs l’image qu’on lui impose. Paraître le plus jeune possible et maintenir une apparence qui ne change pas.
La société considère qu’une femme de plus de 30 ans se doit de ressembler à une jeune fille. Selon Isabel Flower : « Les représentations de femmes qui vieillissent de manière visible restent trop rares. Plus étrange encore, des femmes dont nous savons bien qu’elles ont vieilli nous sont montrées suspendues dans une jeunesse chimérique, flirtant avec le bionique »
« On nous donne donc une image de la femme une femme qui aurait changé le moins possible, pas de rides, pas de mou, pas de cheveux blancs, comme si changer était vraiment la chose à ne pas faire. »
Comme exemple de voir la femme et l’homme, celui de l’actrice Carrie Fisher est un bonne exemple :
En 2015, les spectateurs du nouvel épisode de la saga Star Wars: Le réveil de la Force se sont scandalisés à la vue de la princesse Leia (Carrie Fisher).
Elle n’était plus la brunette en bikini intergalactique d’il y a quarante ans (certains ont même exigé que la séance leur soit remboursée).
En réponse, l’actrice avait retweeté cette réflexion:
« Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes; ils ont seulement l’autorisation de vieillir»
Tweet de Carrie Fisher, 2015
A noter que Harrison Ford avait lui aussi vieilli, mais n’a pas fait l’objet des mêmes remarques. Alors comment expliquer cette inégalité entre les sexes liée à l’âge?
Comment peut-on expliquer une telle inégalité ?
L’écrivaine Mona Chollet qui a écrit entre autres : Sorcière : la puissance invaincue des femmes nous dit « Si les femmes sont réputées se flétrir avec le temps quand les hommes se bonifient, c’est largement parce que ces représentations hantent nos imaginaires »
4/ Quand on est vieux on sert à rien – Les personnes-âgées et l’infantilisation
La vieillesse est souvent perçue comme une période déprimante. Et l’on s’imagine souvent qu’on ne peut rien faire pour aider une personne âgée déprimée.
Réalité : de nombreuses études montrent au contraire que les seniors sont l’un des groupes d’âge qui se disent les plus heureux. Au moins 80 % des personnes de 70 ans et plus se déclarent heureuses (Observatoire de l’âge).
L’âge en lui-même n’est pas un facteur de risque de la dépression. Une étude intéressante sur les symptômes dépressifs au cours de la vie, citée dans un document du gouvernement du Queensland. A constaté que plus les personnes vieillissent, moins elles sont susceptibles de présenter des symptômes d’anxiété ou de dépression. En revanche, la dépression au grand-âge coexiste souvent avec des maladies, comme le diabète, la fracture du col du fémur ou les maladies cardio-vasculaires. Même chez les personnes âgées, la dépression peut être traitée, avec un accompagnement adapté et éventuellement un traitement médicamenteux.
la perte d’autonomie et la vieillesse conduisent l’entourage de la personne âgée à porter un regard différent. Les aidants familiaux n’agissent généralement pas en ayant une intention de nuire ou d’infantiliser la personne âgée. Il s’agit d’un mécanisme inconscient qui néanmoins produit des conséquences nocives pour la santé des personnes âgées.
Les causes de cette infantilisation des personnes âgées sont multiples, il peut s’agir :
- Des atteintes cognitives tels que des troubles de la mémoire, de la perception, un ralentissement de la pensée et des difficultés à résoudre des problèmes ;
- Des atteintes motrices qui entraînent une perte d’autonomie tels que l’impossibilité de se déplacer, des difficultés respiratoires, etc.
Il existe également des facteurs aggravants tels que :
- Une conduite régressive de la personne âgée elle-même dont le comportement ne correspond ni à son âge, ni à sa maturité psychique. Elle demande beaucoup d’attention.
- L’isolement et la solitude de la personne âgée qui peut engendrer de la culpabilité voir de la pitié de la part des aidants ;
- Le lien affectif et familial qui rend difficile la “bonne distance” avec la personne âgée.
Le non respect de la parole et des envies de la personne âgée
C’est un acte infantilisant qui est courant. Cela se traduit par la dévalorisation de la personne âgée. Due très souvent à sa perte de facultés psychiques et motrices, et plus généralement à la perte d’autonomie. On ne consulte plus la personne âgée mais on prend les décisions à sa place. La personne âgée infantilisée se voit imposer des actes ou des choix pris par les aidants familiaux qui pensent agir correctement de la sorte.
La communication ou l’elderspeak
Très souvent, le langage ou le vocabulaire employé lorsque l’on parle à des personnes âgées peut infantiliser ces derniers.
L’elderspeak, que l’on peut traduire par “langage des aînés” se caractérise par :
- Un débit de parole lent ;
- Une exagération de l’intonation ;
- Une élévation du ton et du volume ;
- L’utilisation intentionnelle d’un vocabulaire simple ;
- L’utilisation d’une grammaire moins complexe ;
- Un remplacement des pronoms (Exemple: “Mon”, “Tu”, etc) ;
- L’utilisation de diminutifs et de répétitifs (Exemple: “Le petit…”, “Le pauvre…”, etc).
L’alimentation
Pour des raisons de sécurité et de santé de la personne âgée. Il arrive que la nourriture qu’elle mange soit mixé ou haché. Or, cela peut être vécu comme quelque chose de régressif pour la personne âgée. Cela peut renvoyer une image peu valorisante d’elle-même.
Infantilisation des personnes âgées : les dangers
L’infantilisation des personnes âgées, notamment par le biais de l’elderspeak peut être nocif pour leur santé.
Une chercheuse, Anna Corwin, a mis en lumière que les personnes âgées répondent moins bien au langage simplifié. C’est pour eux une marque d’irrespect. Ce type de communication leur renvoie une image d’eux peu valorisante.
Le langage simplifié utilisé en pensant “nous mettre à hauteur” de la personne a des conséquences importantes sur leur santé morale et physique. Elles peuvent être multiples telles que la raideur des membres, l’expression de menaces aux aidants familiaux, ou encore des hurlements.
Exemple dans la culture populaire :
Abraham Simpson – Quand on est vieux on sert à rien ? : 85 ans. Le père d’Homer, râleur et sénile, vit dans une maison de retraite. Très souvent une fois invité dans la famille simpsons. Afin de communiquer avec lui les personnages de la famille crie ou cherche a lui expliquer des choses avec de la simplicité a travers des signes ect.
Carl Fredricksen – Quand on est vieux on sert à rien ? : un vendeur de ballons un peu bougon de 78 ans. Le Film « La Haut » représente un grand père qui est autonome mais qui souhaite vivre une vie d’aventurier. En s’envolant vers sa destination rêver. Le studio Pixar a souhaité ainsi mettre un enfant avec le personnage principal. Afin de montrer au téléspectateur ce que cela faisait d’être infantilisés. Mais également que les vieux sont capables de faire des taches. Et qu’ils ne sont pas tous inaptes avec leurs âge.
Lutter contre les discriminations envers les personnes âgées est donc un enjeu de taille. Il s’agit d’envisager une société où tous les âges puissent vivre en harmonie.
Alors : Quand on est vieux on sert à rien ? Vraiment ?